Terrible catastrophe à Clairmarais (St-OMER) 21 Aout 1892

Clairmarais - St Omer

Cinq personnes noyées

Dimanche, vers cinq heures 1/2 de l’après-midi, alors qu’une joute nautique battait son plein, que des barques sillonnaient les nombreux canaux de Clairmarais, que la joie était sur tous les visages,

Une lugubre et lamentable nouvelle venait jeter la consternation parmi toutes les personnes présentes et avait un douloureux écho à St-Omer et dans la région. On parlait d’une famille entière, montée sur une barque et qui avait chaviré. Le père, la mère, trois enfants — le quatrième avait pu se sauver — avaient trouvé la mort dans la Grande-Meer, à Clairmarais. La chose, malheureusement, n’était que trop vraie, et voici comment cette terrible catastrophe s’est produite.

L’accident

Dans la matinée de dimanche, M. Gilson Edouard, plafonneur âgé de 43 ans, demeurant faubourg de Lyzel, avait loué un bateau chez M. Lardeur afin d’aller à la pêche avec deux de ses fils, l’un âgé de 18 ans et l’autre de 8 ans. Vers deux heures, il revenait chez lui pour dîner puis faisait monter dans la barque sa femme et ses quatre enfants ; la famille se dirigea vers l’île Sainte-Marie qui est située à la Grande-Meer. Vers cinq heures, une des filles de M. Gilson se trouva subitement indisposée et demanda à rentrer à la maison ; M. Gilson reprit la rivière dite le Rieffart, appelée rivière des roseaux pour retourner à son habitation ; mais à cet endroit où la rivière n’a pas plus de 4 mètres 50 de largeur qui mesure 3 mètres de profondeur et est assez encaissée, comme la plupart des canaux de Clairmarais, M. Gilson se leva pour regarder du côté de l’île Sainte-Marie. C’est alors qu’il perdit l’équilibre et fut précipité, à l’eau. Après avoir plongé, il put se raccrocher auprès des bords du frêle esquif, mais ses mouvements furent si brusques qu’il fit complètement chavirer le canot, qui bascula et se retourna ; toute la famille à son tour fut précipitée dans la rivière. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, la rivière du Rieffart compte 3 mètres de profondeur à l’endroit où s’est produite la catastrophe. Des six membres dont se composait la famille, cinq coulèrent immédiatement. Ce sont : M. Gilson âgé de 43 ans ; Mme Gilson sa femme, née Fauquembergue, âgée de 30 ans; Gilson Eugène, âgé de 18 ans ; Gilson Noémie-Gabrielle, âgée de 10 ans ; Gilson Marthe-Flore, âgée de 4 ans ; Le sixième Gilson Georges, âgé de 8 ans, dut à cette circonstance d’être placé à l’avant du bateau de pouvoir s’accrocher désespérément à un des roseaux qui bordent la rive, de se hisser, et de gagner terre. C’est alors qu’il cria au secours.

Les secours

Personne n’avait été témoin de ce terrible accident, et le fait s’explique par suite de l’encaissement de la rivière ; mais aux cris poussés par le jeune Gilson, un grand nombre de personnes accoururent. Malgré sa terreur, Georges Gilson fit entendre que sa famille venait de tomber à l’eau, et MM. Kyndt, jardinier, Gilliers, Alfred, terrassier, Mièze, Jules, jardinier, avec un courage méritoire, plongèrent dans l’eau pour retirer les victimes. Quelques minutes s’écoulent, et M. Kyndt sort de l’eau le corps de M. Gilson fils, âgé de 18 ans, et le dépose sur la rive ; il replonge et sort le corps de M. Gilson, père. Pendant ce temps MM. Mièze et Gilliers retirèrent le corps de Mme Gilson. Enfin, M. Fouanne, Louis, jardinier, et Brioul Alphonse, qui étaient venus au bateau et sondaient la rivière avec un crochet, sortent de l’eau les corps des deux dernières victimes.

M. Landouzy, le sympathique médecin major du 8e de ligne, qui se trouvait non loin de l’accident, s’empressa de porter secours aux victimes de cet accident. Pendant de longs instants, assisté du Garde-champêtre Esdain, M. Landouzy, prodigua ses soins à la famille Gilson, l’asphyxie était malheureusement complété tous les secours restèrent inutiles. Quelques personnes s’employèrent même à pratiquer la respiration artificielle. Peines perdues, vains efforts !

Les cadavres, après avoir été déposés sur la rive furent reconduits au domicile de M. Gilson ; trois reposent sur un lit, l’un à côté de l’autre, les deux autres sur un autre lit. Les traits étaient demeurés assez calmes, et les physionomies ne présentaient pas le rictus qu’où remarque ordinairement chez les noyés ; mais les faces étaient violacées ; une congestion s’était en effet produite, et, les victimes sont mortes en quelques secondes.

C’est sous la direction du commissaire de police, qui s’était empressé de se rendre sur le lieu du sinistre que les constatations légales ont été faites. Parmi les notabilités présentes, nous avons remarqué M. Joly, juge d’instruction. Cet accident a causé une vive émotion dans le faubourg de Lyzel, et la fête nautique, de joyeuse qu’elle était, est devenue morne et sans entrain ; on ne s’entretenait dimanche soir et hier à St-Omer que de cette catastrophe.

Les obsèques des cinq victimes de dimanche ont lieu aujourd’hui à 4 heures, à l’Eglise de l’Immaculée-Conception.

Résumé :

Lors d’une joute nautique à Clairmarais, une tragédie a bouleversé les festivités : une famille de six personnes a chaviré sur la rivière du Rieffart. Seul l’un des enfants, Georges, âgé de 8 ans, a pu se sauver en s’accrochant aux roseaux et en appelant à l’aide.

Alertés par ses cris, plusieurs personnes ont plongé pour secourir les victimes, mais malgré leurs efforts, le père, la mère et trois enfants ont péri. Les secours, dont le médecin major Landouzy, ont tenté de réanimer la famille, sans succès.

L’accident a profondément marqué la région, et les obsèques des victimes ont eu lieu aujourd’hui à l’église de l’Immaculée-Conception.

Découvrez en plus sur vos ancêtre ?

Vous avez besoin d’un devis ou vous avez des questions sur la généalogie ?
Contactez moi dès maintenant pour discuter de vos besoins en toute confidentialité.

Retour en haut